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J’ai eu l’opportunité d’assister aux précédentes représentations d’Olivier Douau, un artiste polyvalent œuvrant comme acteur, réalisateur, écrivain et directeur de troupe. L’année dernière, il n’était pas présent sur le festival d’Avignon. Cette année, il revient avec son spectacle la deuxième mort de Laura Belle. Rencontre avec ce pilier du festival d’Avignon.

LNA : Alors, on s’est déjà rencontrés, mais ça fait deux ans que tu n’as pas eu d’actualité festival.

Olivier Douau : Oui puisqu’en fait, on avait fait l’impasse sur le festival 2024 pour des raisons économiques et prévisionnelles, parce qu’à cause des Jeux olympiques, les dates avaient été modifiées et avancées. Avec le retour aux dates classiques, nous avons décidé de revenir avec ce spectacle.

LNA : Comment s’est passé l’après festival 2023 pour ce spectacle ?

OD : Grâce au festival, nous avons pu jouer dans différents endroits comme à Fondettes près de Tours, au Hangart à Marseille. Nous avons fait aussi une date à Saint-Laurent-du-Var pour l’ouverture du festival du polar. Les dernières dates nous ont permis de roder la nouvelle distribution.

LNA : Qu’est ce qui a changé depuis 2023 ?

OD : Jean-David Stepler nous a quittés car il a rencontré un succès mérité dans la pièce Piment Chocolat. C’est donc Stéphane Roux qui le remplace cette année. Il nous accompagne depuis le début de l’année. Il donne une nouvelle dimension au personnage de Lazlo.

La deuxième mort de Laura Belle c’est un polar mais surtout c’est du théâtre.

LNA : Comment on en vient à créer quelque chose qu’on voit rarement, voire jamais ?

OD : Il est vrai que c’est très rare. Il y a des comédies policières qu’on appelle des who done it. Mais du vrai polar c’est plutôt rare au théâtre. J’en avais joué un il y a 8 ans. Un contrat écrit par Tonino Benacquista. C’était un polar psychanalytique.

Depuis ma plus tendre enfance, je lis du polar ou plutôt du roman noir. Je regardais aussi beaucoup de films noirs avec Lauren Bacall. Le roman noir est un univers que je connais bien. Au départ, j’avais écrit un scénario de film. Petit à petit, je me suis dit que cette histoire avait sa place sur scène. Ce qui a été intéressant pour moi dans toute la phase d’écriture qui a été assez longue, ça a été de petit à petit me laisser, entre guillemets, débordé, je vais dire, par des personnages avec toute leur complexité. Et finalement, il y a des fois, j’écrivais les dialogues, mais en fait, c’était quasiment les personnages qui me le parlaient, je ne l’inventais pas.

LNA : Qu’est-ce que les codes du roman noir apport sur une scène de théâtre ?

OD : En reprenant les codes du roman noir, on peut donner de la profondeur aux personnages. Mettre des personnages lambda dans des situations extrêmes permet de montrer ce qu’ils sont vraiment. Et cela nous renvoie à nous-même comme un miroir.

LNA : Est-ce facile de faire venir du public pour du polar ?

OD : En 2023, en échangeant avec les festivaliers, je me suis rendu compte que les gens ont une mauvaise image du polar. Peut-être parce qu’ils ont peu de références en dehors des téléfilms. Il faut leur parler du vrai roman noir avec ses codes comme l’ambiance, la musique etc…

LNA : Parle-nous de la scénographie

OD : Comme les codes du roman noirs sont plutôt des codes cinématographiques, Je me suis dit, dès le départ qu’il n’y aura pas de décor.

C’est-à-dire que la scénographie que le spectateur peut voir est très symbolique. Il y a des grands panneaux noirs avec juste un léger interstice entre chaque panneau noir dans le fond pour laisser passer les lumières des voitures. Tous les meubles ont une fonction. Les chaises pour s’asseoir, une table pour poser le téléphone. Donc cela permet qu’on se concentre sur les personnages et l’ambiance. Après, j’ai demandé à David Ripon qui a fait la création Lumière, qu’il n’y ait pas de couleur. Les seules couleurs que je veux voir ressortir, c’est en fait les tenues féminines. Je n’en dis pas plus pour laisser les spectateurs le découvrir.

LNA : Où jouez-vous cette année ?

Olivier Douau : tous les jours à 20h35 sauf les mercredis au théâtre du Grand Pavois derrière le village du Off.

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